Entretien de Baptiste Andrien par Anouk Llaurens
Anouk Llaurens : Bonjour Baptiste, pour commencer cet entretien, comment aimerais-tu te situer, quelles sont tes pratiques ? D'où parles-tu ?
Baptiste Andrien : D’où ? Eh bien, je me situerais en tant qu'être humain, petit organisme vivant. J’ai une activité dans l'édition, une activité de transmission qui tend à matérialiser des travaux de recherche d’artistes du champ de la danse, eux-mêmes impliqués dans la question du partage de leur expérience, de leurs savoirs et questions.
Anouk Llaurens: Et ça se matérialise sous quelle forme ?
Baptiste Andrien: Sous la forme de livres, de supports multimédia, de mots, d’images ou encore à travers le son. J'ai une place dans un binôme, avec Florence Corin, au sein de l'équipe de Contredanse à Bruxelles. L’origine de cette collaboration est directement liée à Lisa Nelson. Florence m’avait conviée à participer à un stage de Lisa alors que je n'avais jamais pensé à pratiquer la danse. Et j’ai plus tard rejoint Contredanse.
Anouk Llaurens: Et avant de rencontrer Lisa que faisais-tu ?
Baptiste Andrien: J'ai une formation d'architecte pendant laquelle j’ai rencontré Florence. À cette époque, j'étais déjà intéressé par les systèmes de perception et j'ai mené des recherches et expérimentations sur la perception spatiale. Je m’intéressais surtout à la vision, à l’orientation et à la représentation interne de l’espace. Ça m'a amené à développer des dispositifs vidéo. Pour l’un d’eux, j'avais trouvé une toute petite caméra de surveillance dans un magasin d'électronique - à l'époque, il n’y avait pas encore ces petites caméras Go Pro, pas plus grande qu'un cigare, accrochée au-dessus de mon oreille. Et un micro sur la tête. Il n’y avait pas de zoom, donc pour agrandir l’image d’un sujet, il fallait approcher mon corps. Pour réaliser un panoramique [1] je tournais la tête. J'avais dû aussi adapter ma marche pour amortir les chocs. Il y avait donc un engagement physique, mon corps s’accordait à l’instrument de la caméra et aux conditions de l’environnement, tout en suivant sa propre curiosité et son intention, car je voulais faire un film. Il a vu le jour sous le titre de “Bonjour”.
Anouk Llaurens: C'était déjà une danse.
Baptiste Andrien: Oui. Et je garde surtout en mémoire l'état perceptif dans lequel ça me mettait, d'emblée quand j'installais la caméra sur la tête. J'ai découvert cette même alerte aux sens et aux sensations que j'allais pouvoir retrouver plus tard dans des pratiques de danse.
Anouk Llaurens: Tu avais déjà une pratique de la perception, de l'attention. Ce n'est pas pour rien que Florence a eu l'intuition de t'encourager à faire ce workshop.
Baptiste Andrien: C’est d’ailleurs dans ce workshop à Bruxelles que je t’ai rencontrée. Lisa avait demandé qu'il y ait une ou deux personnes qui ne soient pas du champ de la danse.
Anouk Llaurens: C’était à la Raffinerie, c'est ça ?
Baptiste Andrien : Oui, en 2001. Contredanse l’avait organisé dans le cadre d'une publication avec Lisa qui est devenu Vu du corps [2].
Anouk Llaurens: Donc 2001, c'est ta première rencontre avec le travail. Et qu'est-ce que ça t'a fait, est-ce que tu as des souvenirs?
Baptiste Andrien: Je me souviens de ma première expérience de fermer les yeux en contact avec une autre personne. Une plongée dans une sorte de dialogue inouï entre nous, lent, sensuel, très intérieur. Chaque petit changement déployait un nouvel univers, si spécifique à chaque fois. Et je ne disposais d’aucun code préalable pour savoir comment me comporter. Socialement, c’était un choc. Il y a eu également la grande joie de retrouver le goût du jeu, la capacité de choix dans l’action, une joie d’une intensité comparable à celle d’un enfant qui découvre la marche avec ses jambes tout juste répondantes. Il n’y a pas d'autres pratiques qui aient résonné aussi profondément en moi. C'est un cadre qui m’accompagne au quotidien, qui me permet de continuer à explorer, de mener ma vie en tant que « petit organisme vivant ». Le travail de Lisa me permet d’observer comment le corps prend des décisions constamment, comment les sens et sensations s’organisent à chaque instant, comment ça prend sens, comment surgit une action, d’identifier d’où elle part et puis ce que je décide de suivre ou pas. Ça vient donc mettre en lumière des processus déjà existants et valoriser l'Intelligence du Vivant – c’est une formule créée par mes partenaires de danse, Pascale Gille et Claude Boillet, c'est-à-dire, comment un organisme vivant fait pour survivre avec les conditions d’un milieu. Il n’y rien de neuf si ce n'est l'éclairage que permet la proposition de Lisa sur ce qui est déjà à l’œuvre. Elle convoque notre capacité à nous observer, à m’observer observant. Ça me révèle mon fonctionnement, et celui de mes systèmes de mesure.
Anouk Llaurens: Quand tu dis « systèmes de mesure », tu parles des différents sens, de l’imagination, de la perception ?
Baptiste Andrien: Oui, les canaux sensoriels. Et ce stage en 2001 m’a permis d’identifier les implications de mon canal préférentiel, la vision, et de rééquilibrer l’ensemble de ma perception, d’ouvrir des canaux que j'utilisais moins consciemment, comme par exemple le toucher et l'audition. Surtout le toucher qui est vraiment le sens de base. Jouer avec mes sens a eu un effet énorme, ça a déclenché la danse.
Anouk Llaurens: Là on est déjà entré dans la seconde question que je veux te poser qui concerne les aspects du Tuning score qui te touchent particulièrement. Tu en a déjà cité quelques-uns comme par exemple la mesure. Qu'est ce qui te touche dans cette question de mesure ?
Baptiste Andrien: C’est de mesurer collectivement, de se retrouver à plusieurs, engagés dans une activité d’accordage. On se partage comment chacun.e mesure ce qui est mobile, ce qui est stable, mesure intérieurement l’environnement, le temps, mesure les débuts et les fins, d’une sensation, d’une perception, d’un désir, d’une action, d’une image... Le fait de mesurer ce qui nous contient, de vivre ensemble les expériences que ça produit et qui nous dépassent, le mot spiritualité me vient.
Anouk Llaurens: C’est marrant que tu parles de mesure pour parler de spiritualité c'est-à- dire de démesure, ou de ce qui nous sort de la mesure. Tu parles de mesure comme de quelque chose qui ouvre. Alors que souvent, la mesure est associée à une logique scientifique, qui crée des normes, des étalons, des références, qui limitent et qui tendent à uniformiser, homogénéiser.
Baptiste Andrien: Le Tuning m’a permis de revenir à cette mesure physique à partir de laquelle toutes les dimensions se déploient. Je repense au titre du stage : l'assise physique de l'imagination !
Anouk Llaurens: Quand tu dis que ça te donne accès à la dimension spirituelle qu'est-ce que tu veux dire par là ? Est-ce la relation au plus large, au plus large que soi ?
Baptiste Andrien: Oui, quand je me sens touché, bougé par l’espace. Il n’est plus question de mesure mais de flux. Par ailleurs, dans ses différentes partitions, Lisa propose d’observer quand on est touché par des synchronicités, par exemple, dans le Blind Unisson Trio ou même dans le Single Image Score. Lorsqu’un alignement se produit entre ce que je regarde et ce que je ressens, entre deux corps, entre une organisation externe et une interne - si jamais il y avait une différence, ou avec une entité plus grande, quelque chose se révèle, me dépasse. Dans ce travail, tout est tellement imbriqué, « moi », « l'espace ». Quelle est la limite entre moi et l'espace?
Pourtant, j’aime croire en une forme d'altérité. C’est pour moi bénéfique et salutaire. Et l’autre, ça peut être la pierre, le bras ou la voix d'Anouk… Ça m’est arrivé de me surprendre à considérer ma main comme altérité, ha ! C’est en tout cas « quelque chose » avec lequel je dois encore m’accorder, m'engager pour le comprendre, de l’intérieur. Ce qui m’emmène sur l'empathie, un autre aspect du Tuning qui m'a touché. La danse a cette spécificité incroyable de pouvoir la mettre au premier plan, elle nous met à l’endroit d'une empathie physique primordiale qui peut être insoutenable.
Anouk Llaurens: Pourquoi insoutenable?
Baptiste Andrien: Parce que ça nous ramène à une conscience physique de base. On a dû annihiler une forme d'empathie pour pouvoir mener à bien nos desseins de civilisation. Là je m'embarque mais je crois que ça touche à ça. Pour me chauffer par exemple, avec quelle attention je coupe aujourd’hui un arbre qui a mis des dizaines et des dizaines d’années à se constituer ? Le rapport que j’établis à cet arbre définit le monde dans lequel je vis. Le travail de Lisa m’a fait comprendre ce lien entre perception et être au monde. Alors oui, un spectacle de danse est un cadre formel, une forme de rituel qu’on a mis en place notamment pour ouvrir ce canal d’empathie entre nos corps, pour éprouver ce qu’un autre corps vit, opérer un déplacement pour voir ce qu’un autre voit ou entend. Ça montre qu’il y a une information qui peut être continue et qui n'est pas limitée à un être. Ce qui m'entoure, ce ne sont pas juste des objets, c’est vivant, et on y participe chacun, chacun, à travers nos sensations, perceptions et actions. C’est ce que Lisa m'a mis « en pleine patate ». Je la revois en train de caresser un bourdon qui mourait. À travers ses stages et ses spectacles, Lisa m’a montré que cette information qui est à l’œuvre en chacun de nous, c'est notre danse.
Anouk Llaurens: Je suis tout à fait d'accord avec toi. Je comprends le Tuning d'une manière assez similaire. Moi j'appelle ça l'espace poétique, et si j'étais plus courageuse je l'appelerais l'espace spirituel. Je pense que pour notre génération et les générations à venir c’est important de ramener la dimension spirituelle de la danse et la dimension sacrée du vivant de manière plus explicite, parce que c'est vraiment une question de survie.
Baptiste Andrien: Et c'est une chose d'en parler et une autre de pouvoir produire des dispositifs, comme le fait Lisa, qui donnent un accès direct à ces expériences. Les cadres, les Tuning scores, sont extrêmement simples et viennent provoquer des paramètres élémentaires de nos comportements. Ils interrogent nos modes habituels et culturels en les confrontant à notre animal, à notre désir.
Anouk Llaurens: Avant tout, ce sont des dispositifs d'apprentissage et de désapprentissage. C’est important de souligner la simplicité des scores qui donnent accès à une infinité d'expériences. Ça me fait penser à des formes de pratiques traditionnelles qui sont souvent elles aussi très simples, basiques et qui durent dans le temps parce qu’elles adressent des questions de fond. Je suis d’ailleurs de plus en plus tentée de considérer les Tuning scores comme une forme de pratique traditionnelle contemporaine, même si ça paraît paradoxal.Y a-t-il encore d’autres aspects dont tu voudrais parler ?
Baptiste Andrien: Quand tu nommes la possibilité de désapprendre ça me rappelle combien le Tuning vise un état de danse, qui n’est familier à aucun des participants, cela nécessite de passer par un temps de "désaccordage" comme tu le disais. Une des manières de procéder est de créer des situations où nos comportements sont déroutés où on peut observer comment le corps, l’imagination, trouvent de nouvelles façons de s’accorder, de s’organiser. Le call [3] permet notamment cela, parce qu’il vient inhiber le flux organique, habituel. II agit comme un court-circuit, qui vient interrompre le flux d’un mouvement, d’une sensation, d’une pensée pour le questionner : « C’est quoi ça ? », « Où ça va ? », « Et si on retournait au début ? », « Qu’est-ce qui peut venir après ? », « Et si on s’arrêtait là ? ». Un call offre un cadre pour mesurer, observer quelque chose ensemble. Une autre façon est de commencer par des actions extrêmement brèves, comme le propose Lisa dans le Single Image Score. Chacun est invité à faire une proposition dans l’espace. On goûte ensemble à ce qu’est “une chose”, une action, dans toute sa singularité, son potentiel de développement futur et à ses conséquences dans l’espace. On prend le temps pour observer notre imagination, s'engager dans l’espace, créer du lien, du sens entre les propositions, comment un langage commun se constitue, comment on définit ensemble les règles du jeu en jouant.
Anouk Llaurens: Ce qui me vient maintenant en t'écoutant c'est le mot “inattendu”. Pour moi le tuning c’est une manière de rester vigilant à la question du vivant qui demande aussi une capacité d’inattendu qui est une sorte de désaccord.
Baptiste Andrien: Effectivement, quand on observe les différentes phases dans l'activité d'accordage, ça contient le dés accordage, quand je ne sais pas encore comment me relier. Comme le fait d'être synchro inclus aussi le moment où cela ne l’est plus. Et puis combien de temps ça va mettre pour retrouver une nouvelle synchronicité, un alignement, une organisation - si jamais cela se produit, ha ! Les conditions de changement d’état sont passionnantes à observer. D’ailleurs, avec le Tuning, on cultive un certain goût pour une chorégraphie de l’imprévu, de l’accident, car une beauté, une magie qui échappe à notre contrôle est alors libre d'opérer.
Anouk Llaurens: C'est parfois très déstabilisant quand même, il faut pouvoir y goûter à ces moments de trouble pour les apprécier comme des moments de danse.
Baptiste Andrien: Tout à fait, c’est notre lot quotidien de vivre l’alternance de ces moments d'accordages et de dés accordage, d’organisation et de désorganisation. Lisa invite à observer nos propres schémas de comportement au niveau physique et laisse à chacun voir comment cette observation s’applique à sa propre vie, au niveau émotionnel, psychique... D’ailleurs, elle ne pose pas la question « Qui observe quand tu t’observes ? ». J’apprécie tout ce qu’elle choisit de ne pas dire.
Anouk Llaurens: Ça semble être un bon moment pour aller vers ma question suivante : Comment mets-tu en jeu ces éléments du Tuning qui t’ont touché dans une pratique artistique ou autre ?
Baptiste Andrien: Au niveau du travail d'édition à Contredanse, les applications sont évidentes. Je passe aussi du temps entouré de nature, dans un environnement très sec, avec plusieurs champs d’oliviers. Et dans cette activité également, je sens que le Tuning m'accompagne. S'occuper des arbres c'est aussi tout simplement apprendre à les sentir et à les lire. Donc je reviens aux outils de mesure. Je me sers d’outils en moi pour mesurer des formes, des types d'information qui seraient utiles pour pouvoir contribuer à l’équilibre de l’environnement.
Et il y a les savoirs anciens. De plus en plus, je m’intéresse à l'information que l'arbre est en mesure de communiquer. Il peut s’agir de besoin en eau, de taille ou de nourriture mais aussi de la présence d’un courant d’eau souterrain ou d’un réseau tellurique négatif qui l’empêche de grandir, d’une mémoire négative, d’une cicatrice non guérie... Comme tout ce qui nous entoure, les arbres sont porteurs d'une histoire et, en développant nos canaux de perception, il y a moyen de leur demander l'information. Par le toucher et la kinesthésie notamment, on peut engager un dialogue. L’information est là. Et le corps a accès à cette information et recèle de ressources - que je ne soupçonnais pas, capables de transformer la situation. Et ça se mesure, l’information qui pose problème, ce qui est résolu ou pas. Comment donc continuer à ouvrir ma conscience à tous ces phénomènes subtils, à tous ces couches contenues dans l’expérience ? Comment être touché ? “What are you touching, what is touching you?" comme le dit Lisa.
Anouk Llaurens: Tous ces arbres ... c'est grand ? Il y en a beaucoup ?
Baptiste Andrien: Oui, beaucoup. Et l’un n'est pas l’autre. Il faut être attentif. En tous cas, c'est une attention que j'ai appris à aimer et aussi à cultiver avec le Tuning. Et là, je pense à Franck Beaubois et à tous les collègues et partenaires du Tuning qui m’ont chacun, chacune montré.e quelque chose que je ne voyais pas, et à la joie de jouer ensemble, avec l’environnement.
Je trouve merveilleux que Lisa ne s'adresse pas à des experts ou plutôt à chacun dans son expertise. Que tu sois un chien, un cailloux, un arbre, tu viens avec qui tu es.
Anouk Llaurens: C’est accessible à tous et toutes, mais il y a quand même beaucoup d'expertise dans le fait de s'ouvrir à la subtilité de l'information, et d’en être conscient surtout. C’est une pratique, ça demande de l’engagement.
Baptiste Andrien: Absolument. Le premier stage de Lisa m'a remis en phase avec des instruments de mesure, mes sens, qui me permettaient d'accéder à un savoir.
Anouk Llaurens: Et tu peux appliquer ça dans n'importe quel domaine : créer des œuvres artistiques, écrire des livres, parler ou s’occuper des oliviers. C'est un art de vivre.
Baptiste Andrien: Cela dit, Lisa adresse vraiment la question de l’esthétique et de la danse, et de la chorégraphie. C'est fameux de célébrer ces média-là qui sont si incroyables.
Anouk Llaurens: Ça nous amène donc à ton travail à Contredanse.
Baptiste Andrien: De nouveau, c’est une pratique collective principalement avec Florence. Aujourd’hui on est engagé dans un projet avec Lisa, un outil de montage vidéo en temps réel. On propose à l’utilisateur de jouer sur la plasticité temporellede courts extraits vidéo avec des opérations de lecture en arrière, de répétition en boucle, d’arrêt sur image, de jeux sur la vitesse…comme les calls. Chacun de ses choix révèle quelque chose de la manière dont il/elle regarde, de ce qu' il/elle regarde, de ce qui attire son attention. Chaque vidéo est comme une créature ou une scène, elle contient en elle une quantité d'informations - rythmes, énergies, formes, motifs, couleurs, sons… et toutes leurs relations qui en font sa spécificité. A travers ses choix, chaque personne va pouvoir en révéler une dimension particulière, c’est-à-dire, dans un dialogue avec la matière audio-visuelle, elle va rendre visible sa perception, son esthétique. En amont, on sélectionne les différents clips pour la manière dont ils activent nos sens, dont le kinesthésique-notre sens du mouvement- et l’haptique - le sens du toucher, car on est invité à « toucher l’image ». Bref, cet outil permet de mettre en jeu les paramètres chorégraphiques.
Anouk Llaurens: Ça doit être très passionnant de choisir justement .
Baptiste Andrien: Oui. Et encore une fois, tout est là dans le clip, il n'y a rien à créer. On va simplement valoriser ce qui est là, chacun et chacune va pouvoir faire de l’or à partir de ce matériau brut. C'est une métaphore, mais je sens que c'est ce qui est à l'œuvre : on ouvre les yeux, on regarde ce qui est là et ça le valorise.… L’édition ou faire du montage, c’est choisir, voire réduire, et ré-agencer pour faire émerger quelque chose. Ce processus de composition est passionnant. Quand on a proposé à Lisa de publier quelque chose sur son travail, elle a tout de suite pensé au jeu, à jouer.
Anouk Llaurens: Jouer pour apprendre ?
Baptiste Andrien: Même pas pour apprendre, jouer comme on danse ! Il n’y a rien à apprendre. Il y a juste à se mettre en phase avec cette joie du jeu, du dialogue et de la composition. Dans une vie, c'est toujours particulier de rencontrer ça. A quelles occasions ça se produit ?
Notes:
[1] mouvement de rotation de la caméra sur un axe
[2] L’ouvrage Vu du corps est construit autour du corps sensible et de la démarche artistique de Lisa Nelson, improvisatrice et vidéaste américaine. Cet éclairage nouveau sur les sens et la perception explore autant l’influence des choix sensoriels dans le processus créatif que les réflexions scientifiques sur les mécanismes des sens. L’action de percevoir est proposée ici comme acte dynamique d’orientation de notre vision : https://contredanse.org/product/nouvelles-de-danse-n-48-49-vu-du-corps-lisa-nelson-mouvement-et-perception/
[3] Le Tuning propose aux participants de communiquer ce qu’ils perçoivent à travers des actions physiques et des calls (appels vocaux) tels que Pause, Reverse, Repeat, End, Open, Close, etc.Le Tuning propose aux participants de communiquer ce qu’ils perçoivent à travers des actions physiques et des calls (appels vocaux) tels que Pause, Reverse, Repeat, End, Open, Close, etc.